Les Français et Noël : entre générosité affichée et contraintes budgétaires

Étude statistique de décembre 2025
Enquête exclusive

Une enquête du courtier Ymanci dans le cadre de son observatoire du pouvoir d’achat et de l’endettement des ménages

Chaque année, en novembre et décembre, les études reviennent invariablement sur le budget que les Français prévoient pour Noël. En 2025, les chiffres confirment une tendance installée : un budget moyen resserré, des dépenses plus sélectives et un recours croissant aux solutions de paiement souples.

Mais au-delà de ces montants désormais bien identifiés, un autre aspect reste moins exploré : la manière dont les Français arbitrent pour rendre ces dépenses possibles, entre contraintes financières et pression sociale.

Car financer Noël ne relève pas uniquement d’une question de budget. C’est aussi composer avec des attentes familiales, la peur de paraître “radin”, la nécessité de rester “à la hauteur” ou le souci de ne pas rompre les équilibres implicites au sein du cercle proche. Jusqu’où s’autorisent-ils à aller pour préserver les traditions ? À quel moment un geste présenté comme festif se transforme-t-il en charge financière étalée sur plusieurs mois ?

C’est précisément ce que documente cette enquête réalisée par Flashs pour Ymanci. Elle met en lumière des pratiques souvent reléguées à l’arrière-plan : paiements fractionnés, utilisation de l’épargne, recours au découvert, confusion autour de ce qui relève réellement du crédit ou encore revente de cadeaux pour amortir les coûts.

À travers les réponses de 2 000 personnes déclarant fêter Noël, elle révèle une réalité plus nuancée qu’il n’y paraît : derrière les fêtes, se négocie un ensemble d’arbitrages où la générosité affichée cohabite avec des tensions budgétaires parfois bien plus durables que le réveillon lui-même.

 

Le poids des paiements…

La majorité des personnes, soit 59 %, gèrent leurs dépenses uniquement avec l’argent disponible sur leur compte courant, sans utiliser de solution complémentaire. Les 41 % restants ont recours à au moins un dispositif alternatif : 27 % en complément de leur solde bancaire et 14 % exclusivement via des solutions alternatives. Au sein de ce groupe, près d’un tiers, soit 32 %, utilise une forme de crédit comme un paiement échelonné, une réserve d’argent ou un découvert. 

Cette année, la majorité des Français comptent financer leurs achats et cadeaux de Noël de manière classique, mais une part significative anticipe déjà la nécessité de mobiliser d’autres ressources. Près de six personnes sur dix (59 %) déclarent s’appuyer exclusivement sur l’argent disponible sur leur compte courant, sans recourir à une solution complémentaire.

À l’inverse, 41 % recourent à au moins une solution supplémentaire, que ce soit en complément de leur solde bancaire (27 %) ou à travers des dispositifs exclusivement alternatifs (14 %). Au sein de ce groupe, près d’un tiers (32 %) mobilise une forme de crédit — paiement échelonné, réserve d’argent ou découvert.

Ces différentes combinaisons – épargne, paiements fractionnés ou solutions de crédit – témoignent, en pleine période de fêtes, d’un équilibre parfois fragile entre le désir de préserver les traditions et la capacité réelle à absorber leur coût.

Plus de 4 Français sur 10 n’ont pas les liquidités suffisantes pour financer leurs cadeaux de Noël. C’est une triste réalité, mais malheureusement peu surprenante au regard des difficultés persistantes de pouvoir d’achat et du fait que 22 % des Français se retrouvent à découvert chaque mois selon un sondage CSA de janvier 2025.

… et la confusion autour du crédit

La compréhension du crédit reste floue pour une large partie des Français : malgré une identification correcte du crédit renouvelable (51 %) et du paiement échelonné sur 6 à 12 mois (49 %), beaucoup ignorent que d’autres pratiques, comme le découvert autorisé, constituent légalement une forme d’emprunt — seuls 27 % le reconnaissent. À l’inverse, près de la moitié pensent à tort que le paiement en plusieurs fois “sans frais” est un crédit, et plus d’un quart se trompent également au sujet du débit différé. Au total, 68 % des Français commettent au moins une erreur, ce qui montre la difficulté générale à distinguer clairement ce qui relève réellement du crédit.

 

Ces recours à des solutions alternatives pour financer Noël s’accompagnent d’une méconnaissance marquée de ce qui relève réellement du crédit. Lorsqu’on demande aux Français d’identifier les modes de paiement qui constituent une forme d’emprunt, une majorité ne parvient pas à faire la distinction. Le crédit renouvelable est bien reconnu comme tel par 51 % des répondants, et le paiement échelonné sur 6 à 12 mois par 49 %, mais d’autres situations, pourtant considérées légalement comme du crédit, sont largement ignorées. Le découvert autorisé, par exemple, n’est identifié comme un crédit que par 27 % des personnes interrogées.

À l’inverse, près d’un Français sur deux (48 %) pense — à tort — que le paiement en plusieurs fois “sans frais” relève du crédit, et 26 % se trompent également en considérant que le simple débit différé en fin de mois en est un.

Au total, 68 % des Français commettent au moins une erreur d’identification, y compris ceux ayant répondu “aucun de ces modes”, ce qui confirme la difficulté à reconnaître clairement ce qui relève du véritable crédit.

La maîtrise des différents types de crédits reste très floue pour une majorité de Français. Dans nos échanges avec les clients, beaucoup ne considèrent pas une LOA, un découvert ou une réserve d’argent comme un crédit. Pourtant, selon le Code de la consommation, les crédits gratuits de plus de 90 jours, les réserves d’argent, le leasing, les découverts autorisés ou encore les paiements différés de plus de 40 jours (lorsqu’ils sont payants) sont bien définis comme des crédits.

Et à compter du 20 novembre 2026, le champ du crédit à la consommation sera encore élargi : les mini-crédits, les paiements fractionnés et les crédits de moins de trois mois entreront eux aussi dans cette définition.

Hugues ROLLAND DU ROSCOÄT, Directeur Marketing et Communication, Ymanci.

Sources :

Plaisir d’offrir, pression de paraître

Chez les Français qui comptent utiliser un autre mode de financement que leur compte courant, les motivations vont bien au-delà d’une simple organisation budgétaire. L’envie de faire plaisir domine largement, citée par 84 % d’entre eux. S’y ajoute une pression sociale marquée : 59 % déclarent recourir à ces solutions par peur de paraître radins. Beaucoup acceptent ainsi de décaler leurs paiements ou d’utiliser des ressources alternatives pour répondre aux attentes perçues des fêtes, où la valeur symbolique des cadeaux prend souvent le pas sur le budget disponible.

Parmi les Français qui prévoient d’utiliser un autre mode de financement que leur seul compte courant, les motivations dépassent largement la simple gestion budgétaire. L’envie de faire plaisir arrive en tête, mentionnée par 84 % d’entre eux (48 % “beaucoup”, 36 % “un peu”).

À cette logique affective s’ajoute une dimension plus sociale : 59 % disent avoir recours à ces solutions par crainte de paraître “radins”, un sentiment exprimé “un peu” par 35 % d’entre eux et “beaucoup” par 24 %. En somme, beaucoup acceptent de décaler leurs paiements ou de mobiliser d’autres ressources que leur argent disponible pour répondre aux attentes perçues en période de fêtes, où la valeur d’un cadeau dépasse parfois le seul budget immédiat.

S’aligner pour ne pas décevoir

Une majorité de Français ressent une forme de pression autour de la valeur de leurs cadeaux : 59 % admettent avoir déjà craint qu’un présent paraisse “pas assez cher”, un sentiment plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Pour autant, ils n’achètent pas sans limite : 71 % ajustent le montant dépensé en fonction de la générosité qu’ils attribuent à la personne à qui ils offrent un cadeau, que ce soit pour dépenser plus ou, au contraire, réduire la somme. L’échange de cadeaux apparaît ainsi fortement guidé par des normes implicites où la valeur financière sert autant de repère relationnel que de geste festif.

Si une part des Français s’adapte financièrement pour être à la hauteur, ils peuvent aussi s’inquiéter de la façon dont leurs cadeaux seront jugés. Près de 6 Français sur 10 (59 %) avouent avoir déjà craint qu’un cadeau offert ne paraisse “pas assez cher”, un sentiment plus marqué chez les femmes (64 %, contre 53 % chez les hommes).

Mais cette inquiétude ne signifie pas pour autant qu’ils dépensent sans limite : 71 % des répondants reconnaissent adapter le montant dépensé en fonction du niveau de générosité perçue chez la personne à qui ils offrent un cadeau, qu’il s’agisse de dépenser davantage pour certains ou, au contraire, de limiter la dépense pour d’autres. Entre souci de ne pas décevoir et volonté de rester à la hauteur des attentes implicites, ces résultats montrent à quel point l’échange de cadeaux demeure encadré par des normes tacites, où la valeur monétaire devient un marqueur relationnel autant qu’un geste festif.

Des règles pour Noël ?

Pour atténuer la pression liée aux cadeaux de Noël, une partie des Français se dit prête à adopter des solutions plus simples. La plus plébiscitée est la fixation d’un budget commun, souhaitée par 43 %, signe qu’un cadre partagé pourrait apaiser les comparaisons implicites. Environ un tiers préférerait recentrer les cadeaux sur les enfants, et 22 % privilégieraient des présents moins nombreux mais plus symboliques. Certains envisagent aussi des systèmes limitant le nombre d’achats, comme le “Secret Santa”, choisi par 17 %. Toutefois, 26 % affirment que ces règles ne changeraient rien pour eux, montrant que si beaucoup aspirent à un Noël plus sobre et encadré, d’autres restent attachés aux habitudes traditionnelles. 

Face aux tensions et aux attentes qui entourent les échanges de cadeaux, une partie des Français sont séduits par des solutions simples pour vivre Noël plus sereinement. Fixer un budget commun apparaît comme l’option la plus apaisante : 43 % y seraient favorables, signe qu’un cadre clair pourrait réduire les comparaisons implicites entre les présents. Près d’un tiers (31 %) préféreraient recentrer les cadeaux sur les enfants, tandis que 22 % privilégieraient l’idée d’offrir moins mais des présents plus symboliques. D’autres envisagent des mécanismes limitant le nombre d’achats, comme le tirage au sort type “Secret Santa”, retenu par 17 % des répondants. Pour autant, un quart des Français (26 %) affirment que ces règles ne changeraient rien pour eux, preuve que si une partie de la population aspire à un cadre plus simple et moins coûteux, d’autres restent attachés à la liberté — ou aux habitudes — qui structurent traditionnellement les fêtes.

L’heure des comptes

Après les fêtes, l’argent reçu à Noël sert majoritairement à rééquilibrer le budget plutôt qu’à se faire plaisir : 48 % des Français l’utilisent pour compenser des dépenses, couvrir des frais du quotidien ou l’épargner. Seuls 32 % s’en servent pour un plaisir personnel, tandis que 19 % l’orientent vers des usages pratiques comme les soldes ou un futur voyage. Par ailleurs, 21 % ont déjà revendu un cadeau afin de récupérer de l’argent et alléger le coût global des célébrations. 

Au moment de faire les comptes après les fêtes, l’argent reçu à Noël est plus souvent utilisé pour équilibrer le budget que pour se faire plaisir pour près d’un Français sur deux (48 %)  : parmi eux, 14 % pour compenser les dépenses faites pour les autres, 13 % pour couvrir des frais du quotidien et 21 % pour le mettre de côté. Seuls 32 % envisagent de s’accorder un plaisir pour eux-mêmes, quand d’autres privilégient des usages plus utilitaires, comme préparer les soldes ou un futur départ en vacances (19 %).

Et si l’on associe clairement le lendemain de Noël aux échanges de cadeaux dans les boutiques, une part des Français va plus loin : 21 % disent avoir déjà revendu un cadeau pour récupérer de l’argent et amortir le coût des célébrations, une manière de rééquilibrer un budget mis à l’épreuve.

Enquête réalisée par FLASHS pour Ymanci du 19 au 21 novembre 2025 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel de 2 000 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus, représentatif de la population française. L’échantillon se compose uniquement de personnes déclarant fêter Noël.

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Comment citer cet article :

Étude Ymanci réalisée par Flashs (2025).
Les Français et Noël : entre générosité affichée et contraintes budgétaires.
Ymanci. Disponible sur : https://ymanci.fr/etude-statistique-ymanci-contrainte-budgetaire-et-pression-sociale-a-noel/

Publié par :
Christophe Bernard - Responsable éditorial
Ymanci, une marque du groupe PREMISTA