Chute du gouvernement Bayrou : quel avenir pour l’immobilier ?

Florence Carpentier journaliste de la presse écrite
Publié le , mis à jour le par Florence Carpentier - Journaliste de la presse écrite

François Bayrou est devenu le premier chef de gouvernement de la Ve République à tomber après un vote de confiance. Le Premier ministre n’a pas réussi à obtenir la confiance des députés, réunis dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le lundi 8 septembre. Le locataire de Matignon n’a recueilli que 194 voix pour et 384 voix contre. Il a présenté aujourd’hui sa démission au président de la République, Emmanuel Macron.

Quelles sont les conséquences pour le secteur de l’immobilier, souvent considéré comme l’un des piliers fondamentaux de l’économie en France ? Va-t-il faire les frais de cette énième instabilité économique ? Les particuliers, qui envisageaient de contracter un crédit immobilier ou de renégocier leur prêt, vont-ils se heurter à une remontée des taux d’intérêt ? Faisons le point quelques heures après l’annonce de la chute de l’exécutif.

Quel sera l’impact sur les taux des Obligations Assimilables du Trésor à 10 ans ?

Les Obligations Assimilables du Trésor, connues sous l’acronyme OAT, à 10 ans, avaient apparemment senti le vent tourner. Les taux ont bondi d’environ 20 points de base, fin août. Ils atteignaient 3,54 % le 27 août, contre 3,20 % en début d’année 2025. Ce bond est un signal inquiétant pour les organismes bancaires. Pourquoi ? Parce que ces taux servent de référence aux banques pour établir les grilles tarifaires des crédits immobiliers. Une hausse significative peut les contraindre à rehausser les barèmes des taux, rendant l’accès aux emprunts plus coûteux pour les emprunteurs.

L’envolée des OAT à 10 ans n’est peut-être pas terminée ?

En plus, les taux pourraient passer de 3,54 % à près de 3,83 % si la France voyait sa note dégradée le 12 septembre prochain par Fitch. Cette agence de notation financière a placé notre pays sous surveillance négative en juin dernier, tout en réaffirmant sa menace de dégrader sa note. La perte du AA- desservirait l’État qui ne pourrait plus emprunter à des conditions avantageuses. Cette dégradation pourrait non seulement produire un impact négatif sur les organismes bancaires, mais également sur les candidats à l’emprunt. Les prêts seraient assurément plus élevés. Quant au pouvoir d’achat immobilier, il pourrait baisser. De nouveau !

Outre la démission du gouvernement Bayrou et la perte du AA-, d’autres facteurs, mis bout à bout, peuvent légitimement dissuader un particulier ou un investisseur de se lancer actuellement dans un projet immobilier comme :

  • L’échec des négociations diplomatiques pour mettre fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine.
  • L’aggravation du conflit israélo-palestinien qui prend une tournure de plus en plus dramatique.
  • La recrudescence des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et violentes dans certaines régions françaises.
  • Les notations par Moody’s et Standard & Poor’s dans les prochaines semaines.

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Quel sera le comportement des banques face à l’instabilité économique et géopolitique ?

Les banques ont-elles modifié leurs conditions de financement après la hausse récente des OAT à 10 ans ? En effet, cette augmentation laissait craindre une flambée des taux d’intérêt pour les emprunts immobiliers dès les premiers jours du mois de septembre ! Aujourd’hui, elle est moins forte que prévu. Selon certaines banques, les taux ont même retrouvé leur niveau du mois d’avril 2025.

Certains organismes bancaires avaient pris les devants

En septembre, les établissements bancaires ont pris la décision de ne pas abaisser leurs taux. La moitié d’entre eux a choisi de relever ses barèmes, même si le taux moyen reste stable selon l’Observatoire Crédit Logement. Les autres ont décidé de maintenir leurs conditions inchangées.

Certaines initiatives laissent entrevoir l’espoir. Une banque régionale a pris la décision d’appliquer un taux unique de 2,99 % pour les emprunteurs de moins de 36 ans, quelle que soit la durée de l’emprunt immobilier. Par ailleurs, les taux bonifiés, compris entre 0 et 1,99 %, demeurent accessibles à des profils bien précis : les primo-accédants ou les acquéreurs de logements performants sur le plan énergétique.

Comme vous pouvez le lire, les banques restent sélectives. Toutefois, elles continuent d’offrir des conditions avantageuses aux emprunteurs qui présentent des garanties solides notamment à leurs clients qui ont des revenus stables, un apport conséquent et/ou une gestion financière saine.

Quel sera le comportement des taux d’intérêt pour les emprunts immobiliers ?

Pour l’instant, la hausse des taux d’intérêt est contenue en dépit des turbulences politiques, économiques et géopolitiques. Néanmoins, cette accalmie pourrait être de courte durée. Il va sans dire que les acheteurs potentiels, en particulier les primo-accédants qui réalisent plus de la moitié des transactions, pourraient derechef reporter leurs projets immobiliers.

Le taux moyen des crédits immobiliers s’est établi à 3,08 % en août 2025, contre 3,07 % en juillet, selon les dernières données publiées par l’Observatoire Crédit Logement. Depuis mars dernier, les variations sont limitées, quel que soit le profil des emprunteurs. Dans un contexte économique incertain, cette situation pourrait rassurer les candidats à l’achat.

Faut-il craindre un retour des taux à 4 % ou plus comme en 2023 ?

Les spécialistes semblent unanimes sur un point : les taux ne vont plus baisser. En revanche, ils estiment qu’une remontée fulgurante des taux est peu probable. Beaucoup attendent la décision des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) qui se réunit le jeudi 11 septembre 2025.

À moins d’un retournement majeur, les trois taux directeurs de la BCE devraient se maintenir entre 3,20 et 3,50 % en moyenne. Selon certains professionnels, une nouvelle baisse des taux directeurs pourrait garantir une stabilité des taux de crédit immobilier sur la fin de l’année.

Quel sera l’impact sur le marché immobilier ?

Quelques heures après la démission du gouvernement Bayrou, le marché immobilier fait preuve de résilience. Néanmoins, il reste encore fébrile. Les transactions ont progressé au cours du premier semestre 2025 grâce au retour des acquéreurs et à la stabilité des prix dans les grandes villes. La production de prêts immobiliers a atteint 65 milliards d’euros au premier semestre 2025, laissant entrevoir un volume annuel de 130 milliards d’euros environ sur l’année et près de 850 000 transactions. Mais ce nouveau changement politique pourrait mettre des bâtons dans les roues des promoteurs, des investisseurs, etc.

Que va-t-il advenir des mesures figurant dans le projet de loi de finances 2026 ?

La loi de finances 2026 devait introduire des mesures importantes pour encourager l’investissement locatif, qui n’a plus la cote depuis l’encadrement des loyers, l’interdiction de louer des passoires thermiques et la suppression de la loi Pinel.

Pour relancer l’investissement locatif, le gouvernement voulait, entre autres, proposer le statut fiscal du bailleur privé. Tous les ans, le rôle principal de ce dispositif fiscalement avantageux était de déduire de ses loyers :

  • 5 % de la valeur du bien immobilier neuf.
  • 4 % de la valeur d’un logement ancien.

L’avenir de cette mesure phare est désormais incertain après la chute du gouvernement Bayrou. À suivre !

Ce qu'il faut retenir