Prêt immobilier : est-il temps de casser son PEL pour investir dans la pierre ? 

Florence Carpentier journaliste de la presse écrite
Publié le , mis à jour le par Florence Carpentier - Journaliste de la presse écrite

Comme nous l’avons déjà sous-entendu dans certains de nos articles sur l’immobilier, l’inflation a tendance à reculer ces dernières semaines. Ce recul favorise une baisse des taux d’emprunt. Cependant, cette tendance baissière est encore minime, voire fragile. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), rappelait, il y a quelques jours, qu’il ne fallait pas crier victoire.

Au vu de ces signaux qui laissent pourtant à penser que le secteur de l’immobilier va au pire se stabiliser, au mieux connaître des jours meilleurs en 2024 par rapport à 2023, certains de nos lecteurs envisagent de devenir propriétaires. C’est en effet une de leurs résolutions pour l’année 2024.

Ces derniers se demandent s’il est temps de mettre à profit leur plan épargne logement, connu sous l’acronyme PEL, pour financer leur crédit immobilier. C’est ce que nous allons voir…

Crédit immobilier : est-il pertinent d’utiliser son PEL ? 

Philippe Crevel, qui dirige entre autres le Cercle de l’Épargne, centre d’études et d’information dédié à l’épargne et à la retraite, déclarait il y a quelques mois à l’AFP :

Depuis dix ans, le PEL n’avait plus beaucoup d’intérêt sur son côté crédit puisque les taux du marché immobilier étaient bas.

Ce désintérêt avait d’ailleurs fait réagir la Cour des comptes qui estimait en septembre dernier que le plan épargne logement était :

Détourné de l’objectif historique d’accession à la propriété pour devenir un produit d’épargne de long terme.

Le ralentissement de la hausse des taux de prêt immobilier n’est pas encore palpable chez tous les futurs emprunteurs. Dans cette période où les taux d’intérêt concernant l’immobilier sont encore trop élevés pour certains profils, ce produit va-t-il reprendre le rôle qui lui est dévolu ? Après tout, le but de ce compte d’épargne réglementé est de permettre à un souscripteur de se constituer un apport financier en vue d’acquérir et de financer un bien immobilier, voire des travaux. La réponse à cette question posée ci-dessus est oui. Brice Welti, secrétaire général de la société de gestion des financements et de la garantie de l’accession sociale à la propriété (SGFGAS), le confirmait, en août dernier, dans les colonnes des Échos :

Depuis début 2023, les prêts épargne logement progressent significativement. On reste loin du niveau de l’éco-PTZ et de ses 8 000 à 9 000 prêts mensuels. Mais, on va arriver au millier de prêts par mois, alors que, pendant des années, on tournait à une centaine de prêts mensuels.

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Tous les souscripteurs vont-ils pouvoir l’utiliser ? 

Il semble que les souscripteurs, détenteurs d’un PEL, veulent donc lui redonner une seconde vie. Malheureusement, tous les possesseurs de ce produit d’épargne ne seront pas logés à la même enseigne. Comme tous les placements, le PEL possède des règles à respecter, des avantages, des inconvénients. Explication !

Le PEL affiche deux taux   

Le taux du prêt épargne logement est fixé dès l’ouverture du PEL. Le premier définit la rémunération de l’épargne déposée. Depuis le 1er janvier 2023, il est à 2 % contre 1 % pour les PEL ouverts entre le 1er août 2016 et le 31 décembre 2022. Le second bloque un taux d’emprunt de 1,20 % supérieur, depuis le 1er février 2015, pour les quinze années à venir.

En clair, si un particulier a ouvert un plan épargne logement entre le 1e août 2016 et le 31 décembre 2022, il pourra obtenir un prêt à 2,2 % pour se porter acquéreur d’un logement. Concernant un PEL ouvert à partir du 1e janvier 2023, les souscripteurs pourront prétendre à un taux à 3,2 %. Mais pas tout de suite, comme nous le verrons ci-dessous.

Un taux qui change en 2024

Précisons aussi que les plans d’épargne logement qui seront souscrits à compter du 1er janvier 2024 verront leur rémunération brute passer de 2 % à 2,25 %. Ce qui veut dire que le taux du prêt passera de 3,20 % à 3,45 %. Ce nouveau taux de 2,25 % ne concernera pas les anciens PEL qui vont garder le taux de rémunération fixé lors de leur ouverture. Cependant, le souscripteur ne pourra pas débloquer ce droit avant quatre ans, soit en 2028. Certes, ce taux est aujourd’hui intéressant. Mais sera-t-il toujours aussi attractif dans quatre ans ?

Est-il intéressant de casser son PEL pour un prêt immobilier ?

Selon l’Observatoire crédit logement (CSA) les taux des crédits immobiliers s’élevaient en moyenne à 4,22 %, en novembre 2023. Quant aux prêts immobiliers accordés en octobre dernier et courant sur 25 ans, ils dépassaient 4,25 % pour une grande majorité des emprunteurs. De ce fait, le prêt épargne logement est à nouveau avantageux pour les détenteurs. Attention, il y a certaines conditions que le souscripteur doit respecter.

Le PEL a ses règles

Le fait de recourir à son plan épargne logement pour obtenir un prêt ne convient pas forcément à tous les profils. Comme tous les placements financiers, il y a des avantages et des inconvénients. Nous allons énumérer les plus importants.

  • La somme maximale, que le détenteur d’un PEL peut se voir accorder, est fixée à 92 000 euros.
  • Le titulaire d’un PEL doit attendre quatre ans après l’ouverture du contrat pour l’utiliser.
  • Il ne sera, dans la majorité des cas, qu’un prêt complémentaire au prêt principal. Notons que le montant de l’emprunt potentiel dépendra effectivement du montant des intérêts bruts acquis, aussi appelés droits à prêt, durant la phase d’épargne, par conséquent des versements.
  • Le montant variera en fonction de la durée de remboursement choisie. Une durée comprise entre deux et quinze ans, et ce, quel que soit le montant emprunté.

L’épargnant doit savoir qu’il peut céder ses droits à prêt à un membre de sa famille. À une condition, qu’il soit en possession d’un PEL ouvert depuis au moins trois ans. En outre, il ne doit pas oublier que les intérêts sont soumis au « flat tax».

Rappelons enfin que les signaux indiquant une possible stabilisation des taux prévue en 2024 interviennent après la stabilisation des taux de la Banque centrale européenne et du taux de l’obligation assimilable du trésor (OAT). Ces indicateurs servent de référence aux banques pour fixer leurs barèmes.

Ces articles devrait retenir votre attention :

N’oublions pas qu’il est aussi possible d’investir de différentes façon dans l’immobilier. L’option de placer ses économies dans des SCPI est un vrai sujet à considérer.